Mes larmes, mes cris, mes râles, mes souffles sortent de
moi en réponse à vos mots, vos mots tendres, prenant, forçant mon intimité. Des
mots sûrs comme si je n’avais aucun secret pour Vous. Des mots forts aux
rythmes acérés. Je me perds, je perds pied, je n’ai plus le contrôle de mon
âme, de mon corps...de mon cœur.
Je vous sens derrière moi, votre souffle sur ma nuque,
expire, inspire, le souffle chaud, tout contre moi, heureux moments
d’expirations où je Vous sens toute proche, cruelles moments d’inspiration où
je ne Vous sens plus, craignant que Vous ne soyez plus là.
Votre souffle, vos mots, pénètrent en moi comme
en terrain connu, en terrain conquis. Je suis pour Vous un livre ouvert, une
gamme que Vous jouez les yeux fermés comme pour me montrer votre pouvoir et me
faire sentir qu’en confiance à Vous je peux m’abandonner.
Ces instants magiques où Vous faites jaillir de moi toute
ma bestialité, tout en la contrôlant, me démontrant ainsi que je suis le tigre
et Vous la dompteuse.
Va-et-vient, vos mots me pénètrent, m’inondent, mes
réactions physiques aux plaisirs cérébrales, témoignent de votre emprise et de
mon désir de non résistance. Je me perds, dans les méandres de mon moi, pour
Vous offrir le meilleur de moi.
Tour à tour, les barrières cèdent, je Vous offre
mon être, je me surprends à le faire alors que Vous n’en aviez jamais douté.
Vos mots entrent en moi, Vous imprégnez mon âme de votre présence, marquez
votre territoire. Sensation d’ivresse de plénitude, je sais que la descente
sera rude, mais qu’importe. Intensément je vis, je ressens ces moments, ces
mots, ces paroles, ces pics, ces caresses, je sais que lorsqu’ils ne seront
plus, ma dépendance à Vous ne me fera aucun doute.
Vous le savez, Vous en jouez, martelant mon
esprit de vos mots, de vos réelles certitudes, paroles que je ne peux nier.
Devant Vous offert, je sens que ma naissance est proche, humain ou animal, peu
m’importe mon apparence aussi longtemps que je suis à l’image de ce que Vous
souhaitez.
Vos paroles s’accélèrent, délicieuses brûlures,
je suis à l’orée de la forêt, au moment où je me perds, moment où mes désirs
sont partagés entre la crainte que cela s’arrête et la crainte de voir cela
continuer. Mais Vous êtes là, derrière moi, en moi, et Vous savez quel sera ma
réaction, mon désir, car Vous savez qu’à Vous je suis l’heureux condamné et que
contrairement à ce que je crois, je n’ai plus le choix.
Les murs de protection morale et mentale que j’avais hissés
autour de moi ne sont plus. De vos mots Vous les avez brisés, d’un souffle Vous
avez balayé ces murs que j’avais érigés pour me protéger d’éventuelles
intrusions destructrices.
Petit à petit Vous mettez en œuvre le plan
Marshall de ma reconstruction, je ne suis plus un être, je suis matière. Mon
esprit en a conscience, Vous le savez, je le sais, nous savons, mais il est une
évidence, pour Vous je n’ai plus aucune résistance, je m’offre. Je ne me suis
plus, je suis votre.
Doucement, lentement, Vous remplacez ces murs
protecteurs détruits, par vos murs, ceux qui n’ont pas pour but d’empêcher les
intrusions, mais d’empêcher ma fuite. De l’intérieur, ces murs sont
merveilleux, d’une rare beauté, et je sais que l’extérieur que Vous allez
façonner, sera aussi beau que l’intérieur que Vous aurez créé.
Vous et moi savons, contrairement aux regards étrangers malveillant, aux
opinions des "bien-pensant" que ces murs ne sont pas une prison, mais
au contraire, le noyau de notre fusion...le berceau de notre réalité.